Le Shilajit, cette mystérieuse résine noire des montagnes de l’Himalaya, s’est imposée en quelques mois comme une véritable star des réseaux sociaux. Sur des plateformes comme TikTok, Instagram ou Facebook, les publications à son sujet cumulent parfois des millions de vues, témoignant d’un engouement massif et soudain.
Et pour cause ! Il y est présenté comme un élixir miracle, promettant des effets spectaculaires pour lutter contre le vieillissement, augmenter la vitalité, booster les performances physiques et mentales ou encore stimuler la pousse des cheveux. Il faut toutefois rester vigilent vis-à-vis de ces vidéos aux allégations sensationnelles, car si certaines proviennent de créateurs sincères et authentiques, d’autres sont tout simplement des “deep fake”.
Le conquérant des montagnes et destructeur de faiblesse
En effet, grâce à des intelligences artificielles, certaines campagnes publicitaires usurpent l’identité de célébrités comme Didier Raoult ou Barbara O’neil pour créer de fausses recommandations.
Existe-t-il des données scientifiques sur ses propriétés ?
Je vous livre ici mon analyse et mon avis en tant que pharmacien.
S’il était jusqu’à présent quasiment inconnu en Europe, le Shilajit est néanmoins utilisé depuis des milliers d’années en médecine ayurvédique et en médecine traditionnelle chinoise. De plus, c’était l’un des principaux composés utilisés pour la momification des corps en Egypte antique.
Il s’agit d’une substance naturelle qui a l’aspect d’une résine épaisse et collante dont la couleur est le plus souvent très foncée. Plus précisément, c’est un exsudat complexe s’échappant de failles rocheuses dans des environnements en altitude. Il est particulièrement abondant dans les montagnes de l’Himalaya mais on le trouve aussi dans les montagnes du Caucase, de l’Altaï ou encore dans certaines régions du Tibet et du Pakistan.
Il est essentiellement constitué de substances humiques (80%), de minéraux (calcium, potassium, magnésium), d’acides aminés (surtout la glycine), d’acides gras et d’oligo-éléments mais sa composition précise varie selon son origine géographique et reste à ce jour partiellement inconnue, car aucune analyse exhaustive n’a encore été réalisée.
Dans la tradition ayurvédique, le Shilajit est surnommé “le conquérant des montagnes et destructeur de faiblesse”. Il est considéré comme un remède Rasayana, c’est-à-dire revitalisant et promoteur de longévité.
La médecine traditionnelle chinoise partage une vision similaire : le Shilajit y est décrit comme un stimulant de l’énergie vitale, le Qi, et un facilitateur de la circulation énergétique dans le corps.
Utilisé depuis des siècles, il a été employé pour traiter une grande variété de troubles : maladies de peau, blessures, lésions osseuses, troubles digestifs, asthme et affections respiratoires, fatigue chronique, baisse de libido, douleurs inflammatoires, affections nerveuses, allergies, troubles cognitifs…
À l’image d’une véritable panacée, certains auteurs vont jusqu’à affirmer qu’il pouvait être utilisé dans toutes les maladies, tant ses applications étaient vastes.
La majorité des études disponibles ont été réalisées in vitro ou sur des modèles animaux. Bien que leurs résultats ne puissent être directement extrapolés à l’humain, ces travaux offrent des pistes précieuses pour mieux cerner les propriétés pharmacologiques et les mécanismes d’action du Shilajit.
Le tableau ci-dessous synthétise les principales activités biologiques mises en évidence par les chercheurs chez les animaux et in vitro.
propriétés pharmacologiques du shilajit in vitro et in vivo | remarques |
---|---|
anti-microbien | antibactérien, antiviral et antifongique |
antioxydant, antimutagène, radioprotecteur | effets attribués aux substances humiques, en particulier l’acide humique et l’acide fulvique |
immunomodulateur | effet antitumoral et antiprolifératif attribué à l’acide humique |
anti-inflammatoire et analgésique | spécifiquement : réduction des douleurs articulaires |
effets sur la santé digestive | anti-ulcère, hépatoprotecteur |
effets métaboliques | antidiabétique, hypocholestérolémiant |
effet nootropique et neuroprotecteur | amélioration de la mémoire et de l’apprentissage |
effets sur la fertilité | spermatogène chez les mâles et ovulatoire chez les femelles |
En outre, quelques études cliniques (chez l’humain) ont été publiées, et bien que ces données soient limitées et à prendre avec des pincettes, voilà ce qu’elles nous apprennent.
paramètre évalué | participants | résultats |
---|---|---|
taux de testostérone | hommes en bonne santé âgés entre 45 et 55 ans | augmentation significative des taux de testostérone au bout de 90 jours |
densité minérale osseuse, remodelage osseux, marqueurs de l’inflammation et du stress oxydatif | 60 femmes ménopausées atteintes d’ostéopénie | soutien de la densité minérale osseuse par atténuation de l’augmentation du remodelage osseux, de l’inflammation et du stress oxydatif au bout de 24 et 48 semaines |
synthèse du collagène de type 1 | 35 hommes adultes en bonne santé | augmentation significative de la synthèse du collagène de type 1 au bout de 8 semaines |
perfusion cutanée | femmes adultes en bonne santé | amélioration de la micro-perfusion cutanée au bout de 14 semaines |
force musculaire | 63 hommes adultes actifs en bonne santé | maintien de la force musculaire maximale malgré la soumission au protocole de fatigue musculaire pour la dose de 500 mg/j après 8 semaines |
adaptation du muscle squelettique | hommes et femmes adultes en surpoids ou obèses de classe 1 | augmentation significative de paramètres physiologiques confirmant l’adaptation musculaire après 8 semaines |
nombre de spermatozoïdes | 60 hommes infertiles (patients oligospermiques) | 28 patients ayant terminé le traitement ont montré une augmentation significative du nombre de spermatozoïdes avec amélioration de la motilité après 90 jours |
Ces résultats encourageants et prometteurs sont à accueillir avec enthousiasme, d’autant plus que les auteurs rapportent une bonne tolérance aux doses administrées (généralement entre 250 et 1000 mg par jour). Cependant, avec le peu de recul, la petite taille des échantillons et l’absence d’études reproduites et de méta-analyses, nous devons rester prudents quant aux conclusions à en tirer.
Ce que nous savons de la composition du Shilajit nous invite à respecter plusieurs précautions, en particulier chez certaines populations. Il n’est pas recommandé chez les personnes atteintes de troubles rénaux (insuffisance rénale, calculs rénaux), de goutte (excès d’acide urique) ou d’hémochromatose (excès de fer).
Il est également important de noter que le Shilajit pourrait potentiellement interagir avec certains médicaments : les antibiotiques de la famille des tétracyclines et des (fluoro)quinolones, les antiacides, la lévothyroxine, les diurétiques thiazidiques, les bisphosphonates et la metformine.
Enfin, par principe de précaution, son usage est à éviter chez la femme enceinte, l’enfant et les personnes immunodéprimées. Ce risque est accentué si la qualité du produit n’est pas irréprochable, car un Shilajit mal purifié peut contenir des métaux lourds tels que le plomb, l’arsenic ou le mercure.
On comprend aisément la fascination autour du Shilajit, étant donné ses usages traditionnels, ses propriétés thérapeutiques potentielles et les données cliniques préliminaires prometteuses.
Toutefois, il est essentiel de souligner que les résultats dont nous disposons sont encore trop limités pour en tirer des conclusions solides. Comme toujours en recherche médicale, la patience est de mise et il est nécessaire d’attendre que les données soient suffisamment robustes et validées par des experts.
C’est pourquoi, face aux allégations sensationnelles et aux promesses de résultats miraculeux, la prudence et l’esprit critique s’imposent. D’après certains utilisateurs, les effets sont d’ailleurs bien plus modestes que ceux espérés et ils n’apparaissent qu’au bout de plusieurs semaines.
Quoi qu’il en soit, si vous souhaitez en faire l’expérience, je vous recommande de suivre une cure de 2 à 3 mois pour en tirer vos propres conclusions, à condition de ne pas présenter de contre-indication et de consulter un professionnel de santé au préalable.
Cookie | Durée | Description |
---|---|---|
Cookies "autres" | 11 months | Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Le cookie est utilisé pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies dans la catégorie "Autre". |
Cookies de performance | 11 months | Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Le cookie est utilisé pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies dans la catégorie "Performance". |
Cookies fonctionnels | 11 months | Le cookie est défini par GDPR cookie consent pour enregistrer le consentement de l'utilisateur pour les cookies dans la catégorie "Fonctionnel". |
Cookies liées aux statistiques | 11 months | Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Le cookie est utilisé pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies dans la catégorie "Analytics". |
Cookies nécessaires | 11 months | Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Les cookies sont utilisés pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies dans la catégorie "Nécessaire". |
Politique de cookies | 11 months | Le cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent et est utilisé pour stocker si l'utilisateur a consenti ou non à l'utilisation de cookies. Il ne stocke aucune donnée personnelle. |